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Le musée de la Nacre et de la Tabletterie, labellisé musée de France, se situe à Méru, au sud du département de l'Oise, berceau d'une activité tabletière intense aujourd'hui disparue et dont le musée conserve une partie du savoir-faire.
Dès le XVIIe siècle, les paysans de la région de Méru s'adonnent durant les mois d'hiver à la pratique de la tabletterie, petit artisanat ne nécessitant pas un outillage complexe. Ils se forment sur le tas et développent des aptitudes pour ce travail qui réclame une grande délicatesse. À cette époque, ils utilisent principalement la corne, l'os, l'ivoire et le bois pour fabriquer des objets aussi variés par leur forme que par leur utilité : montures d'éventails, pommeaux de cannes, boules de billards, dames, jeux d'échecs, étuis, manches de couverts et d'ustensiles divers, têtes de baguettes à fusils, garnitures de bureaux, chapelets, crucifix, etc.
Leur production est achetée par des tabletiers et des marchands parisiens heureux de trouver à une cinquantaine de kilomètres seulement de la capitale une main d'œuvre bon marché et dévouée à laquelle il fournissent la matière première. Les articles sont revendus en France aussi bien qu'à l'étranger. Cependant, les fluctuations économiques rendent le métier difficile.
Au XIXe siècle en revanche, les progrès technologiques, l'industrialisation et l'ouverture des marchés permettent l'essor de cette activité qui devient alors prépondérante dans le canton méruvien. Le nombre de tabletiers se multiplie de façon considérable (environ 1500 en 1837, 3856 en 1851). Les rendements ne cessent de croître. Le travail de la nacre et de l'écaille sont devenus courants. La variété des produits façonnés s'élargit encore davantage : jeux de dominos, fiches et jetons, dés, couteaux, cornes à lanternes de navires, mesures linéaires, chausses-pieds, brosses et brosses à dents, châsses à rasoir, touches de piano ou d'accordéon, etc. Parallèlement, une industrie du bouton, et plus particulièrement du bouton de nacre, émerge pour approvisionner la haute couture, le prêt-à-porter et les marchés du monde entier.
De cette époque faste, la ville de Méru conserve le surnom de « Capitale mondiale du bouton de nacre » (souvent réduit à celui de « Capitale de la nacre ») mais guère davantage car la tabletterie a maintenant quitté la région. L'amorce de ce déclin date du début du XXe siècle. Il s'explique notamment par la disparition progressive des débouchés, par le renforcement de la concurrence ou par la généralisation des matériaux synthétiques.
En effet, l'éventail, le carnet de bal et bien d'autres objets traditionnels passent de mode. La demande en tétines de biberons, hochets, montures de lunettes, fume-cigarettes ou accessoires de manucure ne suffit pas. Les tabletiers les plus talentueux poursuivent une production d'objets de luxe (boucles de ceintures, jumelles de théâtre, poudriers, pendulettes, coffrets, etc.) et se convertissent à la bijouterie pour pallier le manque à gagner. L'industrie du bouton continue de se moderniser mais n'est pas épargnée par la crise pour autant. Les grèves des années 1900 et celle de 1936 en témoignent. L'emploi de la galalithe et du plexiglas dans un premier temps, puis des nylons et autres polyesters, accorde un répit de courte de durée à la boutonnerie industrielle qui disparait cependant à la fin du millénaire tandis que les ateliers artisanaux ont depuis longtemps fermé leurs portes, faute de repreneurs.
Quelques bâtisses de briques à grandes baies vitrées rappellent l'existence de ce passé industriel qui s'illustre également par la multitude de déchets nacrés jonchant le sol des jardins et des allées des environs. Aujourd'hui ne demeure à Méru qu'une seule entreprise, les établissements Mercier, héritière d'une longue histoire dont le musée de la Nacre et de la Tabletterie a pour vocation de préserver et perpétuer la mémoire.
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