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User / jpboiste / Sets / 2017-02-28 Maison d' Elsa Triolet Aragon UCC
JEAN PIERRE BOISTE / 12 items

N 192 B 12.1K C 11 E Feb 28, 2017 F Feb 28, 2017
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Le moulin de Villeneuve ou Maison Elsa Triolet-Aragon est un ancien moulin à eau du XIIe siècle situé sur la Rémarde à Saint-Arnoult-en-Yvelines, il est entouré d'un parc de six hectares. Il fut construit au XIIe siècle, et fut remanié aux XVIIIe et XIXe siècles. Depuis 1904, il ne servit plus de moulin, mais de résidence campagnarde.

Propriété des écrivains Louis Aragon et Elsa Triolet dans la seconde moitié du XXe siècle, le Moulin de Villeneuve est devenu après leur mort un musée, la Maison Elsa Triolet-Aragon. Le lieu composé d'un appartement-musée, de salles d'expositions, de conférence et de spectacle est un lieu consacré à la mémoire des deux auteurs, de recherche grâce à la bibliothèque de 30 000 volumes et de soutien à la création contemporaine. Il ouvre ses portes de février à novembre tous les après-midis.

Construit au XIIe siècle, le moulin de Villeneuve était le plus en amont des moulins de Saint-Arnoult-en-Yvelines. La ville, proche des champs de la Beauce, a compté jusqu'à sept moulins. La Rémarde prend sa source 8 km en amont.

Il fut la propriété de Louis de Villeneuve en 15411, Seigneur de Bonnelles. Ayant le statut de moulin banal, les vassaux avaient l'obligation d'aller faire moudre leur grain au moulin dont ils dépendaient pour ne pas risquer de dures réprimandes. Le meunier prenait une somme d'argent ainsi qu'une contrepartie en nature et était tenue de rendre la farine sous trois jour. En 1608, son propriétaire Philibert Guybert entreprit de grands travaux dans les lieux. "Dès 1608, il avait fait outre plusieurs ouvrages de maçonnerie et charpenterie qui ont été fait au dit moulin de Villeneuve, relever les étables, construire une chambre avec cheminée carrelée, deux arches de pierre, un grand mur et un moulin à blé, du côté du devant une grande île pour empêcher que l'eau ne se perd, un glacis, des vannes, ainsi que des fossés autour du moulain pour escouler les eaus". Il s'y attacha si fort qu'il prit titre d'Escuyer sieur de Villeneuve2. En 1762 la famille Rohan acheta le moulin. Vendu aux enchères à la révolution française comme bien national, il fut acheté par Guillaume Stourm le 22 mai 1794.

Au milieu du XIXe siècle, l'administration entreprit de réglementer le fonctionnement des moulins afin de réduire les inondations et de faire respecter le droit des tiers. Le moulin de Villeneuve reçut sa réglementation et son agrément par arrêté préfectoral du 3 mai 1952, tenant compte du fait qu'étant antérieur à l'abolition des droits féodaux il était "fondé en titres" et son droit d"eau perpétuel.

Perdant progressivement toute fonction économique à la fin du XIXe siècle, le moulin arrêta son activité en 1904. Il devint alors résidence de campagne changeant plusieurs fois de propriétaires entre 1935 et 1951. Constitué en société immobilière, y passent alors des visages assez disparates, artistes de variété ou industriels. À la veille de leur rachat par Louis Aragon et Elsa Triolet, la majorité des parts appartenaient à la famille Cartier-Bresson et à Jeanne et Léon Moussinac3.
Maison de campagne et source d'inspiration du couple d'écrivains

Louis Aragon et Elsa Triolet achètent le Moulin de Villeneuve en juillet 1951. Locataires d'un appartement parisien, rue de la Sourdière puis au 56 rue de Varenne, ils y passent principalement les week-ends et les vacances. Le couple témoigne d'un grand investissement pour le moulin et son parc de près de 6 hectares dès son arrivée. Elsa dessine le plan de toute la propriété, en baptiste les allées, les pelouses et les bois. Elle en fait de longues descriptions dans ses correspondances avec sa sœur Lili Brik :« Nous avons fauché le chemin jusqu'au fond où des bouleaux font comme un mur autour d'une sorte de salle ronde, nous y avons mis une table et des bancs. Nous avons jeté ça et là des ponts pour transformer cette forêt vierge en parc il faudrait plusieurs personnes et une fortune fabuleuse ! Aussi vais-je me promener avec une faucille à la main et avec des gants pour me protéger des brûlures d'orties. Tout cela nous distrait beaucoup. Aragocha travaille dans le jardin comme un forçat, comme un forcené au lieu de prendre du repos, il est éreinté, mais, par moments, heureux. »

La maison est aussi décorée dans un charme rustique selon les soins du couple et particulièrement d'Elsa Triolet. La couleur bleue y domine dans le bureau de l'écrivaine, et le couple y apporte une partie de sa bibliothèque. Conseillée par l'antiquaire Delbée, Elsa Triolet eut recours à des vanneries d'origine extrême-orientale qui voisinent avec deux tables de boucher3.Le lieu accueille régulièrement à l'époque les amis du couple, émerveillés par le salon, où coule encore la cascade du moulin dont on a retiré la roue. En témoigne la collection d'art contemporain, et les objets hétéroclites conservés encore aujourd'hui offerts par Pablo Picasso, Fernand Léger, Jean-Pierre Chabrol ou Pablo Neruda. En 1966, Agnès Varda vient filmer Louis Aragon et Elsa Triolet dans leur moulin pour son court-métrage documentaire, Elsa la rose, consacré au couple.

Beaucoup d'écrits du couple sont inspirés par le lieu à partir de 1951. Elsa Triolet y écrivit Le cheval roux, publié en 1953, comme en témoigne Aragon à travers le poème "Elle rêvait" dans Les yeux et la mémoire. Aragon y écrivit La semaine Sainte en 1958. Il témoigna à maintes reprises de son attachement à la maison, notamment dans La mise à mort en 1965 :

« Ah, nous en avons tant achetées des demeures dans la campagne ou des cachettes dans les villes, pour l'amour et pour le silence, et notre solitude à deux ! Rêve ou jeu, vois-tu, c'est tout comme, et l'avons-nous joué, rêvé, ce lieu où tu te réfugies, quand Paris t'épuise de gens, de cris, et d'exigences ? Ecoute ce décor d'eaux et d'arbres, ne l'avons-nous pas ensemble combiné, n'est-il pas comme une grande convention que nous nous sommes l'un à l'autre faite, à demi conscients des temps qui vont venir? »

Le 6 juin 1970, Elsa Triolet y mourut, frappée d'un malaise cardiaque dans les allées du parc. Ayant souhaité être enterrée dans sa propriété, au pied de deux grands hêtres, elle fut enterrée là le 2 décembre 1970 par dérogation présidentielle. Aragon fit venir quelques jours plus tard le violoncelliste Mstislav Rostropovitch pour interpréter la Sarabande de Bach au pied de la tombe.

Soucieux de l'héritage qu'il laissait, Aragon proposa en 1976 le legs du moulin de Villeneuve à la nation française, dans le but d'en faire un lieu consacré à la mémoire, la recherche et au soutien à la création artistique. L'Etat accepta le legs. Le poète décéda en 1982. Il rejoignit Elsa Triolet dans leur tombe, sur laquelle on peut lire cette phrase d'Elsa Triolet, tirée de la préface de leurs Œuvres romanesques croisées :

« Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi. La mort aidant, on aurait peut-être essayé, et réussi à nous séparer plus sûrement que la guerre de notre vivant, les morts sont sans défense. Alors nos livres croisés viendront, noir sur blanc la main dans la main s'opposer à ce qu'on nous arrache l'un à l'autre. ELSA »

N 273 B 9.2K C 12 E Feb 28, 2017 F Feb 28, 2017
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Louis Aragon est un poète, romancier et journaliste français, né probablement1 le 3 octobre 1897 à Paris et mort le 24 décembre 1982 dans cette même ville, à l'âge de 85 ans. Il est également connu pour son engagement et son soutien au Parti communiste français de 1927 jusqu'à sa mort. Avec André Breton, Tristan Tzara, Paul Éluard, Philippe Soupault, il fut l'un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. À partir de la fin des années 1950, nombre de ses poèmes sont mis en musique et chantés par Léo Ferré ou Jean Ferrat, contribuant à porter son œuvre poétique à la connaissance d'un large public (la première chanson tirée d'une œuvre d'Aragon date de 1953 ; composée et interprétée par Georges Brassens, elle reprend le poème Il n'y a pas d'amour heureux, paru dans La Diane française en 1944 mais adapté en la circonstance par le chanteur). Avec l'écrivaine Elsa Triolet, il a formé l'un des couples emblématiques de la littérature française du XXe siècle.

N 245 B 4.5K C 15 E Feb 28, 2017 F Mar 1, 2017
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