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User / Jean-Luc Drouin / Sets / Les glaneurs de charbon (Inde)
Jean-Luc Drouin / 22 items

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Dhanbad (Inde) - Dhanbad (Inde) - Photographier les travailleurs illégaux qui s'emparent d'une infime partie du charbon des compagnies minières indiennes, n'est pas facile. Policiers, militaires et vigiles veillent chèrement sur les investissements des compagnies qui, au détriment de l’environnement, pillent en toute légalité les ressources charbonnières du pays pour le plus grand profit de leurs actionnaires et des fonctionnaires corrompus... Les miettes de cette ressource énergétique polluante et les maladies respiratoires, aux villageois qui vivent à proximité des ces gigantesques mines à ciel ouvert.
Un contremaître qui a accepté que je photographie l’exploitation officielle avec les engins mécaniques, m’a expliqué en substance qu’exposer la misère des illégaux fait une mauvaise publicité aux exploitants miniers. Tu m'étonnes !

Plus tard, en allant sur un autre site, j’ai pu contourner l'interdiction de photographier ces glaneurs de charbon avec un gros mensonge. J'ai affirmé droit dans les yeux d'un policier que mon reportage allait amener des touristes dans sa belle région du Dhanbad. Il l'a cru. Moyennant une cigarette et un selfie à ses côtés avec son smartphone, il m'a laissé photographier ces "mineurs clandestins ». Sur cette photo, ils tentent avec une pioche et une barre à mine de réduire en morceaux un bloc de charbon de plusieurs tonnes. Seule technique pour faciliter son transport. Ça leur a demandé plus de trois quart d’heure.
Certains gaillards bien robustes qui ne souffrent pas encore d’asthme, parviennent à transporter sur leur tête des blocs avoisinant les 50 kilos.

• Comme à mon habitude, je pensais faire ce reportage en couleur. Mais le N&B, plus percutant et plus intemporel s'est imposé.


They go to coal

Dhanbad (India) - Photographing the illegal workers who seize a tiny part of the coal from Indian mining companies is not easy. Police, soldiers and security guards keep a close watch over the investments of companies that legally plunder the country's coal resources for the greater benefit of their shareholders and corrupt officials... To the detriment of the environment. The crumbs of this polluting energy resource and respiratory diseases, to the villagers who live near these gigantic open-air mines.
A foreman who agreed to allow me to photograph the official exploitation with mechanical equipment, explained to me in substance that exposing the misery of the illegals gives bad publicity to the mining operators. You amaze me !

Later, by going to another site, I was able to circumvent the ban on photographing these coal gleaners with a big lie. I told a policeman straight in the eyes that my report would bring tourists to his beautiful region of Dhanbad. He believed it. In exchange for a cigarette and a selfie at his side with his smartphone, he let me photograph these “illegal miners”. In this photo, they are trying with a pickaxe and a crowbar to reduce into pieces a block of coal weighing several hundred of kilos. The only technique to facilitate its transport. Some very robust fellows who do not yet suffer from asthma, manage to carry blocks weighing around 50 kilos on their heads.

Tags:   Inde India Dhanbad People Coal mine Mine de charbon Travailleurs Workers Environnement Charbon Coal Work Travail Miners Mineurs Mineurs illégaux Illégal Miners

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Dhanbad (Inde) - Les "illégaux" - comme les appellent les compagnies minières -, qui tentent de survivre en volant pour les revendre quelques blocs de charbon sur les sites d'excavation, se fondent parfaitement dans ce décor minéral d'une rare rudesse. Leur regard comme leurs conditions de vie sont à l'image du paysage.
Au-delà du travail physique que représente ce travail de bagnards, ces pauvres hères et leurs familles qui vivent à proximité des mines en plein air, sont victimes de maladies respiratoires chroniques. De l'asthme au cancer du poumons, ils sont ou seront tous atteints d'une ou plusieurs de ces pathologies.
Depuis quelques années certains villages se révoltent et demandent des compensations financières afin de pouvoir se soigner. En vain. En attendant une mort anticipée à la moyenne nationale, il faut bien vivre. Et le charbon reste à portée de main.

• L'idée initiale était de faire un "filé" de cet homme qui allait passer devant moi. Quand j'ai braqué mon objectif sur lui, il s'est arrêté pour prendre la pose. J'ai tenté de lui dire de poursuivre son chemin sans me regarder. Il n'a pas bougé. Problème de communication, d'autant que mon interprète était plus loin, discutant avec notre chauffeur de taxi. Je me suis donc avancé pour tenter un portrait en prenant soin d'intégrer un autre personnage dans le cadre afin d'éviter que cette scène ne soit trop statique, tout en restant informative.


Dhanbad (India) - The "illegals" - as the mining companies call them -, who try to survive by stealing a few blocks of coal from the excavation sites to resell, blend in perfectly with this exceptionally harsh mineral setting. Their eyes and their living conditions reflect the landscape.
Beyond the physical work that this convict work represents, these poor people and their families who live near the open-air mines are victims of chronic respiratory illnesses. From asthma to lung cancer, they are or will all be affected by one or more of these pathologies.
For several years, some villages have been revolting and demanding financial compensation in order to be able to receive treatment. In vain. While waiting for an anticipated death at the national average, we must live well. And the coal remains close at hand.

Tags:   Inde India Dhanbad Mineurs Miners Workers Travailleurs Coal mine Mines de charbon; portrait Clouds Nuages

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Dhanbad (Inde) - Les mineurs clandestins ont deux techniques pour transporter les blocs de charbon. On devrait parler d’anthracite, véritable nom du charbon de terre, considéré comme étant de qualité supérieure pour le chauffage. Pour les petits blocs, ils utilisent des paniers tressés - comme celui qui est sur la photo - qu’ils posent directement sur la tête. Un chiffon s’interpose entre la tête et le panier pour amortir les chocs. La charge est de vingt à trente de kilos au minimum. Question de rentabilité et de productivité. Pour le charbon d’un seul bloc, à partir de 50 kilos, dont l’usage d’un panier est rendu impossible par les dimensions du minerai, il est transporté directement sur la tête. Bien entendu, en bloc ou en panier, les transporteurs sont aidés par leurs collègues pour hisser la charge sur leur tête.
La prouesse physique ne s’arrête pas là. Il faut tenir compte du terrain particulièrement accidenté et friable, d’autant que les mineurs illégaux ne sont chaussés que de tongs, quand ils ne sont pas purement et simplement pieds nus. Cette configuration du terrain rend la marche particulièrement instable. Je sais de quoi je parle. Malgré mes robustes chaussures de randonnée, j’ai glissé à plusieurs reprises, provoquant l’hilarité - et la sympathie - des mineurs. Et encore, je ne transportais pas mon matériel photo en équilibre sur la tête.


Dhanbad (India) - Illegal miners have two techniques for transporting coal blocks. We should talk about anthracite, the real name for earthen charcoal, considered to be of superior quality for heating. For small blocks, they use woven baskets - like the one in the photo - which they place directly on the head. A cloth is placed between the head and the basket to cushion the shocks. The load is twenty to thirty kilos at least. Question of profitability and productivity. For coal in a single block, from 50 kilos, the use of a basket is made impossible by the dimensions of the ore, it is transported directly on the head. Of course, in blocks or in baskets, the transporters are helped by their colleagues to hoist the load on their heads.
The physical prowess doesn’t stop there. It is necessary to take into account the particularly rugged and crumbly terrain, especially since the illegal miners only wear flip-flops, when they are not simply barefoot. This configuration of the terrain makes walking particularly unstable. I know what I'm talking about. Despite my sturdy trekking shoes, I slipped several times, causing laughter - and sympathy - from the miners. And i wasn't carrying my photo equipment balanced on my head.

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Dhanbad (Inde) - En principe, les mineurs illégaux préfèrent transporter de petits morceaux de charbon, préalablement cassés au marteau, dans des paniers tressés qu'ils portent sur leur tête. Il faut dire que les femmes participent activement à ce type de transport et que leur charge dépasse rarement les… 25 kilos. Parfois, pour gagner du temps, certains gaillards particulièrement costauds, n'hésitent pas à porter des blocs pouvant dépasser les 50 kg. Un simple tissu entre la tête et le bloc de charbon évite à l'homme de se blesser.
Pour ce portrait, c'est lui qui a voulu que je le photographie avec ce gros morceau de charbon que trois de ses collègues lui ont préalablement hissé sur le crâne. Et si après ça je n'avais pas compris qu'il était fort comme un Turc, il est parti en courant, son chargement toujours sur la tête. J’en avais mal aux cervicales pour lui.

• Côté technique, malgré un ciel nuageux à l'arrière plan, le visage de l'homme était noyé dans une lumière très contrastée.

An Indian as strong as a Turk
Dhanbad (India) - In principle, illegal miners prefer to transport small pieces of coal, previously broken with a hammer, in woven baskets which they carry on their heads. It must be said that women actively participate in this type of transport and that their load rarely exceeds… 25 kilos. Sometimes, to save time, some particularly strong guys do not hesitate to carry blocks that can weigh around 50 kg. A simple cloth between the head and the block of coal prevents the man from getting injured.
For this portrait, it was he who wanted me to take it with this large piece of coal that three of his colleagues previously hoisted on his head at his request.

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Jharia (Inde) - Ma toute première photo des glaneurs de charbon. Le site d’exploitation de Jharia est l'une des plus importantes mines de charbon à ciel ouvert du Dhanbad. C'était ma destination initiale pour réaliser mon reportage. J’ai pu passer sans trop de difficultés les différents contrôles en échange de quelques cigarettes offertes aux policiers, militaires et vigiles qui filtrent les différents accès à la mine. J’ai dû aussi accepter plusieurs selfies. Un étranger ici, on n’en voit jamais. Pour les Indiens, ça mérite une photo. En me laissant passer, on me précise cependant que si je peux photographier les engins mécaniques en action, en revanche, il est strictement interdit de braquer mon objectif sur les travailleurs clandestins qui tentent illégalement de récupérer quelques blocs de charbon pour les revendre en ville. Leur seul moyen de subsistance.
Si les illégaux sont plus ou moins tolérés à Jharia, c’est que les services de sécurité n’ont pas envie de passer leur temps à leur courir derrière. De là à autoriser un journaliste à leur faire de la « publicité », pas question ! Je me dis intérieurement "cause toujours, quand je serai sur le site, j’aurai bien l’occasion de photographier ces petits voleurs de charbon ».
Au début j’avance au milieu de gigantesques camions miniers haut comme des immeubles à trois étages. Ils circulent en tous sens et à vive allure. Ils arrivent du cœur du lieu d’excavation situé à moins d’un kilomètre.
Je poursuis ma progression en zigzagant entre les monstrueux camions miniers.
Quinze minutes plus tard, j’aperçois sur un monticule mes premiers mineurs clandestins. Ce sont des enfants et des adolescents. Ils descendent du monticule minéral en courant, s’emparent d’un bloc de charbon au sol, le posent avec précipitation sur leur tête et remontent à toute allure. Je fais une première photo. Je suis un peu loin et cette image avec son ciel dramatique est plus proche du paysage que de la photo humaniste que j'affectionne.

D’autres illégaux plus haut ont des pioches et tentent d’arracher du minerai. Je me dirige vers eux. Sans me précipiter pour ne pas attirer l’attention. Ils sont tentés de s’enfuir, mais mon interprète dont j’ai loué les services et avec qui je voyage depuis Varanasi, les en dissuade. Il affirme qu’ils n’ont rien à craindre de moi. Je m’apprête à prendre des photos de ces enfants qui prennent la pose, quand une voix autoritaire m’arrête dans mon élan. Je me retourne et vois un homme en civile descendre de sa moto. Mon interprète traduit « il ne veux pas que tu les prennes en photo ». J'avais compris au ton de sa voix et à son attitude martiale. Avec l'arrivée inopinée de cet homme, les enfants se sont enfuis comme une volée de moineaux. Je ne les reverrai pas.
L’homme est un contremaitre. Il n’entend pas quitter les lieux sans moi. Avant que je ne reprenne le chemin en sens inverse, contre toute attente, lui qui s’était montré intraitable, me demande -ou plutôt m’impose- un selfie où nous apparaitrons en nous serrant la main. Incompréhensible. Il repart satisfait. Moi pas.

A failed first contact

Jharia (India) - My very first photo of coal gleaners. The Jharia mining site is one of the largest open cast coal mines in Dhanbad. It was my initial destination to carry out my report. I was able to pass the various checks without too much difficulty in exchange for a few cigarettes offered to the police, soldiers and security guards who filter the various access points to the mine. I also had to accept several selfies. You never see a foreigner here. For Indians, it deserves a photo. As I was allowed to pass, however, I was told that while I could photograph the mechanical machines in action, it was strictly forbidden to focus my lens on the illegal workers who were illegally trying to recover a few blocks of coal to resell them in town. Their only means of subsistence.
If illegal immigrants are more or less tolerated in Jharia, it is because the security services do not want to spend their time running after them. From there to authorizing a journalist to “advertise” them, no question!
At the beginning I advance among gigantic mining trucks as high as three-story buildings. They travel in all directions and at high speed. They arrive from the heart of the excavation site located less than a kilometer away.
I continue my progress, zigzagging between the monstrous mining trucks. Fifteen minutes later, I saw my first illegal miners on a mound. They are children and adolescents. They run down from the mineral mound, grab a block of coal from the ground, place it hastily on their heads and rush back up. I take a first photo. I'm a little far away and this image with its dramatic sky is closer to the landscape than to the humanist photo.
Other illegals further up appear to have pickaxes and are trying to dig up ore. I head towards them. Without rushing so as not to attract attention. They are tempted to flee, but my interpreter whose services I hired and who travels with me from Varanasi, dissuades them. He says they have nothing to fear from me. I am about to take photos of these children posing, when an authoritarian voice stops me in my tracks. I turn around and see a man in civilian clothes getting off his motorcycle. My interpreter translates “he doesn’t want you to take a photo of them”. I understood from the tone of his voice and his martial attitude. With the unexpected arrival of this man, the children fled like a flock of sparrows. I won't see them again.
The man is a foreman. He doesn't intend to leave without me. Before I head back the way in the opposite direction, against all expectations, the man who had been intractable, asks me - or rather imposes on me - a selfie in which we appear shaking hands. Incomprehensible. He leaves satisfied. Not me.


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