Jakob était donc parti, le coeur gros de quitter sa famille mais conscient qu’il pouvait permettre ainsi, grâce à sa métamorphose, de sauver toute la Vallée Heureuse en plus de celles et ceux qu’il chérissait.
Sa mère lui avait dit qu’il était en âge de mener sa propre vie. Alors il allait la mener. Il n’avait pas le choix de toute façon. Et c’était peut-être mieux ainsi. Aurait-il osé partir du si douillet cocon familial ? S’il voulait être honnête avec lui-même, il n’en était pas certain. La vie était si douce et si tranquille dans la vallée...Une sorte d’eden qui ne donnait pas envie d’aller risquer ses ailes dans d’autres contrées. D’autant moins en sachant les ravages que faisait l’affreux Oswald.
Oswald...A cette heure, il devait déjà fomenter un projet de destruction de leur vallée. Et rien qu’à cette pensée, Jakob se mit à marcher plus vite. Il voulait pouvoir griller de vitesse le sorcier, tout humain qu’il était devenu. Après tout, lui aussi avait gardé ses pouvoirs magiques. Il pourrait donc user de ses propres sortilèges pour échapper à ceux du magicien. Sans même que celui-ci sache qui il était en réalité. C’était une perspective rassurante, stimulante aussi. Qui renforça le jeune homme dans sa marche et son courage. Il n’était pas sans ressources. Et si Angelo l’avait envoyé comme émissaire familial, c’est qu’il avait tout pour accomplir au mieux sa mission.
Au bout de quelques heures, pour la première fois de sa vie, Jakob éprouva la sensation de faim et de fatigue. Il eut le réflexe de s’arrêter sous un grand arbre pour se reposer. Mais il ne savait pas comment se nourrir maintenant qu’il était devenu un homme.
Il ne s’était jamais beaucoup intéressé à cette espèce avant, et regrettait de n’avoir pas été plus attentif lors des leçons que dispensait Agnella sur le sujet. Alors il saisit une campanule entre ses doigts et posa la question à la fleur. Aussitôt, il reçut un baluchon contenant un pain, un morceau de fromage, une gourde, un petit gobelet le tout accompagné d’ un petit papier plié.
Etonné, le jeune homme déplia le carré blanc et lut :
« Tu peux manger le pain et le fromage à chaque fois que tu auras faim. Ils se renouvelleront chaque jour sans jamais te manquer. Cueille des plantes et fruits sauvages pour compléter et te garder en bonne santé. Nous te guiderons pour savoir si tu peux ou pas les manger. Et bois de l’eau de source. Ainsi tu pourras survivre tout au long de ton voyage. Bonne route, Jakob ! »
Plein de reconnaissance, le jeune homme entama les provisions avec appétit et remercia la petite fleur bleue avec émotion. Quelle bonne idée avait eu Angelo de lui dire d’en emporter. Les campanules seraient autant de talismans durant cette longue route.
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