Introduction à l'histoire du camp
Le 1er mai 1941, au lieu dit « le Struthof », les nazis ouvrent un camp de concentration, le KL*-Natzweiler.
Le camp central, seul camp de concentration sur le territoire français, est situé en ce qui était alors l'Alsace annexée. Sa nébuleuse de camps annexes, répartie des 2 côtés du Rhin, est composée d'un réseau de près de 70 camps, plus ou moins grands. Sur les quelque 52 000 déportés du KL-Na, environ 35 000 ne passeront jamais par le camp central.
Lieu de travail au profit de l’industrie de guerre nazie, le camp abrite aussi les expérimentations médicales des professeurs nazis de l'Université du Reich de Strasbourg.
Le 23 novembre 1944, les Alliés découvrent le site évacué par les nazis depuis septembre. Pour certains déportés des camps annexes, le calvaire se prolonge au cours du printemps 1945 par les marches de la mort.
De 1941 à 1945, le KL-Natzweiler est l’un des camps les plus meurtriers du système nazi. Près de 22 000 déportés y sont morts.
* Remarque : la quasi-totalité des documents d'archives concernant le camp de concentration nazi de Natzweiler portent la mention "KL-Natzweiler" ou "KL-Na" et non "KZ", comme il est plus courant de le lire concernant les autres camps, et comme il est maintenant d'usage dans les études historiques.
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Les déportés du KL-Natzweiler
Les déportés du Kl-Natzweiler, arrivés de toute l’Europe, proviennent de tous les horizons. En grande majorité, ce sont des déportés politiques, dont les « Nacht und Nebel », mais aussi des Juifs, Tziganes, homosexuels… Tous découvrent un univers où ils ne sont plus que des numéros et des sous-hommes.
Près de 52 000 personnes d’une trentaine de nationalités différentes ont été déportées au KL-Natzweiler ou dans ses camps annexes : les plus nombreux sont les Polonais, suivis des Soviétiques et des Français (dont un quart d'Alsaciens-Mosellans), puis les Belges, les Norvégiens, les Luxembourgeois, mais aussi des Allemands, Grecs, Yougoslaves, Tchèques, Autrichiens, Lituaniens, Néerlandais, Italiens et Slovènes…
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Le quotidien des déportés
Les déportés étaient entraînés dans un processus de destruction et de déshumanisation qui les conduisait à la mort. La première épreuve à laquelle ils se trouvaient confrontés, après leur admission au camp, était l'appel. Au moins deux fois par jour, les SS comptaient et recomptaient les déportés vivants ou morts. Les vivants devaient attendre dehors par tous les temps, pluie, neige, vent, forte chaleur, le droit de regagner leur baraque ou le départ en kommando de travail. Ils étaient sous-alimentés et la faim devenait une obsession. Les déportés finissaient par envier le contenu des gamelles des chiens des SS.
Forçats au service du IIIe Reich, ils travaillaient le jour de 6 heures à 18 heures ou la nuit de 18 heures à 6 heures. L'immense majorité d'entre eux travaillait à la carrière, à l'extraction de pierres ou de gravier. À partir de la fin de l'année 1942, ils furent affectés à la réparation de moteurs d'avion pour l'armée de l'air allemande (Luftwaffe). Mi-1943, les déportés NN commencèrent à construire la Kartoffelkeller (cave à pommes de terre), nom de code d'un bâtiment en béton semi-enterré. A ce jour, aucun document ne permet d'attester de l'utilisation prévue pour ce bâtiment.
Le matin, avant l'appel, ils effectuaient une toilette sommaire autour de lavabos en nombre insuffisant. Le soir, au retour du travail, ils regagnent leur block où ils reçoivent leur maigre ration, dormants entassés dans des châlits en bois. Leurs seuls liens avec le monde extérieur étaient parfois des lettres et colis, pour ceux qui y avaient le droit.
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Les sévices, les maladies, l'épuisement et la mort
Les sévices, les maladies, l'épuisement et la mort représentaient le quotidien des déportés. Ils souffraient de blessures dues aux coups que leur administraient les Kapos et les SS, ainsi que des morsures des chiens dressés pour les attaquer. Ils pouvaient également être punis et condamnés à des coups de fouet sur le chevalet de bastonnade ou à une peine d'enfermement dans le bunker situé dans le bas du camp. Squelettiques, épuisés, blessés, malades, sans soins, qu'ils soient ou non admis à l'infirmerie, beaucoup mourraient. À Natzweiler, le taux de mortalité était de 40% ; dans les camps annexes, il pouvait atteindre 80%.
Les déportés ayant tenté une évasion ou simplement soupçonnés de tentative d'évasion encouraient la peine de mort : la pendaison ou le peloton d'exécution.
La Gestapo de Strasbourg utilisait aussi le camp comme lieu d'exécution. Ainsi, en 1943, treize jeunes gens originaires de Ballersdorf dans le Haut-Rhin furent fusillés à la carrière pour avoir refusé leur incorporation dans la Wehrmacht et tenté de quitter la zone annexée. En septembre 1944, peu avant l'évacuation du camp, des membres du réseau Alliance et des maquisards des Vosges furent amenés au camp pour y être exécutés.
Tous finissent dans le four du bloc crématoire
« Telle une locomotive grise et sans roues, le four crachait de jour en jour feu et fumée dans le ciel vosgien alors que, la nuit, une couronne de feu restait suspendue au-dessus de la cheminée comme la flamme d'une raffinerie clandestine »
Boris PAHOR
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Des yeux étrangers se promènent en ces lieux qui furent témoins de notre captivité anonyme (…) Les regards des touristes ne pourront jamais – j’en ai l’ultime conviction – se représenter l’abjection qui frappa notre foi en la dignité humaine et en la liberté de l’homme.
Boris Pahor, déporté au KL-Natzweiler
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